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Une musique religieuse ?


Un langage nouveau ?


Notice "Les âmes perdues"


Notice "Comme une étoile ..."


Notice "La rose inaccessible"


Notice "Un peu plus d'élan .."


Notice "Plus près de l'infini"


Notice "Vers la simplicité"


Notice "Double concerto"


Ecouter

Les âmes perdues
Derrière l'ombre des douleurs

Le Tournoiement des songes  
L'échelle de la beauté

A ciel ouvert

Voyage au gré des illusions 

Double concerto Comme une étoile du matin

La rose inaccessible

La colombe et le lys

Un peu plus d'élan et d'innocence

Les Noces d'Orphée
Trio clarinette, alto et piano

Behind the light 

Eloge de la folie

Plus près de l'infini
L’oiseau d’éternité 


Les âmes perdues
pour grand orchestre

Commande de Radio France pour ses Alla Breve, en 2002, cette pièce pour grand orchestre est composée d’une suite de cinq séquences de deux minutes environ.

Alors que la musique d’Anthony Girard est le plus souvent associée à la clarté, la transparence, la lumière, le compositeur s’est orienté ici vers une musique d’expression plus sombre, plus tragique. Un poème de Jean-Paul Hameury a servi d’impulsion initiale : il décrit l’humanité en marche, aveugle, désorientée. Et de ces âmes errantes, de ces âmes perdues, le compositeur a formé une cohorte terrible qui avance inexorablement vers le néant, afin de souligner le caractère tragique de son destin, privée de la possibilité-même d’espérer ou d’exprimer son désarroi.

L’œuvre débute pourtant avec éclat, mais c’est pour mieux accentuer la chute de la première séquence, le moment où toute cette euphorie orchestrale est brisée. C’est alors que débutent les trois séquences suivantes, en passacaille sur une basse obstinée, de manière à évoquer le caractère inexorable de ce qui nous attend. Ici l’humanité, symbolisée idéalement par le grand orchestre où les différents groupes d’instruments prennent la parole tour à tour, ne parle pas de sa détresse, elle la subit. A la fin de la troisième séquence et pendant la quatrième, l’ostinato passe à l’arrière-plan et la musique connaît un climat passager de tendresse inquiète.

Pour terminer, le compositeur tente d’évoquer de nouveau la plénitude d’un monde que l’humanité ne connait plus, mais cette illusion passagère, offerte ici encore par la musique, est soudainement brisée par un cri orchestral, ultime écho du poème : “L’inespoir est le seul chemin qui nous reste”.

Jean-Paul Hameury
Extrait du recueil L’OBSCUR (Atelier La Feugraie 1999)
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur.

Nous sommes en marche
depuis si longtemps
que nous ne savons plus
pourquoi nous sommes partis
et vers quoi nous allons.
Nos âmes ne gardant trace de rien
nous allons à tâtons dans la pénombre
cherchant vainement dans nos souvenirs
l’éclat des autrefois
- qui dut pourtant exister.

Plus nous avançons
plus courts nous semblent les jours
plus interminables les nuits.
Certains pensent que le terme est proche :
derrière ce versant
au-delà de ce fleuve
une fois franchi ce désert de sel
nous atteindrons enfin ce pour quoi
nous avons frayé nos chemins.

D’autres pensent que nous fûmes choisis
pour explorer les au-delà
pour nous perdre où nul
ne songe à s’aventurer
pour dire ce que sont périls et détresse.

Mais revenir pour exprimer
l’indéchiffrable cela
nous n’y songeons même plus :
les mots nous ont quittés.
Notre lot est l’opacité.
L’inespoir
est le seul chemin
qui nous reste.